GAEC Malo

Tout commence avec les endives de terre

Gainneville (76)

partenariat depuis : 2006
dernière visite : 26/11/2018

Par une fraîche matinée de novembre, à quelques kilomètres du Havre, nous arrivons à Gainneville. Accès facile : depuis la rue principale, très passante, il n’y a qu’à s’engager de quelques mètres à pieds et déjà Simon nous accueille. Petit café sans chichis dans des gobelets en plastique, puis commence la découverte du GAEC Malo. C’est d’abord une histoire d’hommes : tout débute avec René Malo, le père, engagé pour les « cultures naturelles » dès 1950. Puis ses deux fils, Pierre et François créent le GAEC dans les années 1970. La direction est aujourd’hui assurée par Ludovic, fils de François et 3e de la génération des Malo, associé à Bernard Le Gué, ancien salarié, et Simon Legembre, voisin.
Les cultures se divisent en deux parties : « au jardin » sont cultivés sur 7 hectares divers légumes primeur en petite quantité (des salades ; l’été, des poivrons, des tomates, etc) qui alimentent principalement les ventes directes. « En plaine » se retrouvent les productions plus importantes d’endives, de pommes-de-terre, panais et carottes : c’est là où nous commençons la visite.
Nous avançons jusqu’à nous regrouper autour d’une petite cabane sur roulettes : nous sommes à la forcerie. A l’intérieur de la cabane, trois hommes accroupis récoltent les endives au son de la radio. « Bonjour Messieurs les travailleurs du lundi ! » Nous parlons météo, ils ont souffert du sec, les endives sont petites en ce début de saison. Ici, elles sont cultivées en terre et prennent toute la nourriture nécessaire dans le sol pour se développer. C’est ce qui assure leurs qualités nutritives et gustatives ; c’est aussi la raison pour laquelle cette culture est si délicate. Simon et Bernard nous expliquent toutes les étapes depuis la racine (le chicon) au bourgeon.
Nous nous dirigeons ensuite vers les hangars. Entre les machines et les grands palox (grosses caisses) de bois, nous parlons pomme de terre. C’est d’ici que provient la Ditta, cette pomme de terre « à-tout-faire », telle qu’elle est désignée sur les ardoises de nos stands. Mais est-elle vraiment « à-tout-faire » ? Simon nous donne les explications.
Simon nous détaille aussi toutes les étapes jusqu’à l’envoi des pommes de terre : conservées brutes d’arrachage en palox, elles sont déversées dans le renverse-palox et tombent dans une première trémie qui les remonte jusqu’à une brosseuse (les pommes de terre ne sont pas lavées). Il attire notre attention sur l’évolution des idées : on sait aujourd’hui que la pomme de terre est fragile et qu’il ne faut pas la faire tomber de plus de 5cm de hauteur. Dans les machines ont été rajoutés de nombreux coussins et tapis pour éviter un maximum les chocs. Les pommes de terre passent ensuite dans une calibreuse (les petites sont mises à part pour faire du plant) avant d’être pesées par un système de bascule, puis conditionnées en filets ou emballages bois.

Ici comme chez beaucoup des agriculteurs que nous rencontrons, les cagettes sont recyclées au maximum, surtout dans le circuit local. Toujours, on évite le gaspillage : les chicons (racines) une fois séparés de leurs bourgeons sont donnés à un agriculteur voisin « un ami avec qui on fonctionne en système de troc, nous recevons du fumier en échange ». Même les machines sont réinvesties : une vieille arracheuse à betterave a gagné une nouvelle jeunesse transformée pour la mise en caisse des chicons.
La betterave cuite de chez MALO est un produit qui, comme les endives ou la pomme de terre Ditta, a conquis notre clientèle. Son succès a permis au GAEC d’augmenter ses quantités de production. Le secret, c’est qu’elles sont cuites à la vapeur, dans une machine vieille d’une trentaine d’années « on croise les doigts tout le temps pour pas qu’elle nous lâche ». Simon pense à reconfigurer l’endroit, améliorer ce poste de travail… Globalement et vu l’ancienneté de l’exploitation, quelques travaux sont à prévoir. Parmi les projets, il y a celui d’installer une pompe à chaleur qui remplacerait la forcerie, avec un intérêt économique mais surtout écologique. « Elle est là depuis les débuts mais aujourd’hui on est en 2018, il y a des choses à faire ! » La jeune équipe est enjouée et confiante.
Quoi d’autre ? Simplement, toujours, continuer en bio. Par conviction, et sur la lignée de René MALO. Merci à eux !