Nicolas Péraire

Travailler avec les « mauvaises herbes »

Port Sainte-Marie (47)

partenariat depuis : 2017
dernière visite : 15/06/2018

Dernier arrêt de notre tournée CABSO : la parcelle de Nicolas Péraire. Sur place, le soleil nous fait — enfin — l’honneur de pointer le bout de son nez. L’alternance des rayons avec les nuages créé sur les champs des zones rehaussées d’un vert quasi fluorescent. Dans les hautes herbes, nous jouons à « où est Charlie ? où est la laitue verte ? ».
Nicolas Péraire a 31 ans : il est l’exemple « d’un jeune qui se lance » que la CABSO aime à présenter. Souvent sollicité dans le cadre de rencontres avec les écoles — qui sait s’il ne ferait pas naître une vocation — il se présente, serein, habitué à expliquer ses motivations et ses projets. Nous faisons sa connaissance (Mathieu l’avait auparavant déjà rencontré) avant d’entamer le tour des cultures.
Les cultures ? Des légumes qui pointent, et que ça et là nous distinguons en plissant un peu les yeux, au milieu d’autres herbes. Car Nicolas ne désherbe pas ; il travaille avec les « mauvaises herbes ». Au moment de son acquisition, la parcelle était à l’état de friche et comportait déjà son propre « stock de graines ». À circuler sur ces étendues libres où la végétation foisonne, spontanée, c’est une grande joie nous emplit. Nous sommes pris par la sensation d’un endroit terriblement « vivant » et foulons volontiers le sol que les dernières pluies ont laissé boueux, admirant la beauté d’une agriculture en amitié avec le paysage.
Les vertus des couverts végétaux ne sont plus aujourd’hui à démontrer. Parallèlement à ceux-ci qu’il pratique depuis ses débuts, le jeune agriculteur cherche aussi à éviter le paillage, lui préférant le trèfle. Parmi les autres particularités de ses techniques de maraîchage, on retrouve les plantations à la main et très peu d’arrosage (beaucoup pour la reprise, puis il laisse faire les racines). Au long de cette année qu’il décrit comme « encore expérimentale », de nouvelles plantations sont faites chaque semaine. Dans l’ensemble, c’est de ses grands-parents qu’il reçoit de nombreux conseils pour la conduite de ses cultures : une belle histoire de passation de savoirs.
Si les rumex permettent d’attirer les pucerons et les tenir écartés des salades, il n’empêche que d’autres nuisibles continuent de s’inviter : cette année-là, l’araignée rouge sur l’épinard, les limaces sur les poivrons… Comme tous les agriculteurs en bio, Nicolas fait face à quelques problématiques autant qu’il subit les aléas de la météo : cette même année, ce fut beaucoup trop d’eau d’un coup ! Une autre déconvenue sera aussi abordée : celle de l’implication des travailleurs, du manque de personnel motivé faisant preuve de logique dans le travail, ou désireux d’apprendre. Difficile, selon son expérience, de les sensibiliser. « L’amour du travail bien fait ne court pas les rues. »
Nous apprenons aujourd’hui qu’une forte grêle a causé de nombreux dégâts et que Nicolas se trouve depuis lors en difficultés. Nous lui adressons tout notre soutien, et vous tiendrons informé de la suite des événements.